mardi 1 février 2011

Le vent souffle



Par  RICH NGAPI
Le vent souffle sur l’Afrique. Un vent chaud et sec. Emportant tout sur son passage. Ce vent, c’est le vent de la rue. Cette rue vient de chasser Ben Ali du pouvoir en Tunisie. La rue grogne. La rue imprime sa marque. Cette même rue fait vaciller l’un des régimes les plus solides d’Afrique et du monde arabe. Comme par un effet domino, l’onde de choc tunisien se reproduit en Egypte. La planète entière suit, comme en temps réel, le soulèvement des dizaines de milliers d’Egyptiens. Une espèce de remake de la « révolution de Jasmin » qui a emporté Zine El Abidine Ben Ali.
Le vent souffle. Violemment. N’importe comment, le vent qui a soufflé sur Carthage, et qui secoue en ce moment les pyramides, pourrait bien prendre d’autres directions. La météo sociale s’y prête bien dans bon nombre de pays africains et arabes. Comme dit l’adage : «(…) mûr ou pas mûr, devant l’ouragan de l’histoire, le fruit finit par tomber ». Ni Ramsès, ni Akhenaton, ni Toutankhamon, ni Thoutmès… aucun Pharaon, dont la momie repose encore dans l’un des célèbres musées au bord du Nil, ne saura arrêter le cyclone.
Par millions dans les rues du Caire, d’Alexandrie et de Suez, des manifestants sont déterminés à y rester jusqu’à la chute du régime Moubarak. Ils bravent le couvre-feu et des tirs de gaz lacrymogène… pour une « cause noble ». Et ni les annonces de réformes, ni le remaniement du gouvernement ne semblent calmer la rue égyptienne. Ce qui est intéressant, c’est que l’armée refuse de tirer. Pour les militaires, les revendications du peuple sont « légitimes ». Chapeau bas aux hommes en uniforme !
Ceux qui ont quatre yeux voient déjà loin. Ce qui s’est passé en Tunisie, ou se passe en ce moment au pays des Pharaons, se passera dans beaucoup d’autres pays. Il n’y a point de doute. Les dictateurs et leurs derniers-nés s’agitent. Il y a des chefs d’Etat qui ne ferment plus l’œil de la nuit. Sait-on jamais à quel moment précis le glas va sonner chez soi. Mieux vaut rester en état d’alerte.
S’il y avait des leçons à tirer de la « révolution de Jasmin » et son effet domino, on en retiendrait deux. La première : il est temps que les dictateurs comprennent que le temps des hommes forts est révolus. Maintenant plus qu’hier, c’est le temps des institutions fortes. Le temps du peuple. Le temps des urnes. Le temps de la rue. La deuxième leçon : que les partenaires occidentaux ne continuent plus de soutenir les dictateurs sous prétexte de stabilité. Entre-temps, le vent continue de souffler. A qui le prochain tour ?

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