samedi 18 août 2012

Un camp de l'armée ivoirienne et une prison attaqués à Dabou


L'armée ivoirienne a été attaquée par des inconnus dans la nuit de mercredi à jeudi, à Dabou, non loin d'Abidjan. Les assaillants s'en sont également pris à la prison de la ville d'où plusieurs dizaines de détenus se sont évadés.

AFP - L'armée ivoirienne a été attaquée par des inconnus dans la nuit de mercredi à jeudi à Dabou, ville du sud de la Côte d'Ivoire proche d'Abidjan, et plusieurs dizaines de détenus se sont évadés de la prison.

Le camp des Forces républicaines (FRCI) de Dabou (environ 50 km à l'ouest d'Abidjan), le commissariat de police, la gendarmerie et la prison ont été attaqués mercredi à partir de 23H00 (locales et GMT), et les habitants ont entendu des tirs nourris, de Kalachnikov notamment, jusqu'au petit matin: cette attaque, qui aurait fait au moins trois morts, est la dernière en date d'une série d'opérations armées qui ont fait monter la tension dans le pays.

Après l'envoi de renforts, "la situation est sous contrôle, nos hommes ont pu repousser l'attaque. Le ratissage est en cours", a déclaré à l'AFP une source au sein de l'état-major.

A Dabou, où les habitants longtemps terrés chez eux étaient de nouveau dans les rues à la mi-journée, le député Mohamed Sess Soukou a fait état d'une centaine d'évadés.

"La prison a été cassée, tous les prisonniers sont sortis", a-t-il dit à des journalistes. Sur "150 personnes au moins" incarcérées, "il y a une cinquantaine qui ont été récupérées" par l'armée, a ajouté M. Soukou, député du Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Ouattara.

La directrice de la prison, Adjoua Ouattara, a précisé plus tard que "119 détenus" se trouvaient dans la prison avant l'assaut, sans pouvoir donner le nombre de prisonniers repris.

"Côté FRCI il n'y a pas eu de victime, mais il y a eu deux victimes côté assaillants", et l'armée a procédé à "une dizaine d'arrestations", a annoncé le député. Selon des témoins, au moins un civil a été tué. L'armée n'avait pas fourni dans l'immédiat son propre bilan.

Mohamed Sess Soukou a accusé des "miliciens" partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo, vivant dans la région et à Abidjan, d'être derrière cette attaque avec "des Libériens".

Pris d'assaut par des hommes armés venus dans un 4x4, le commissariat de police a été criblé de balles. Un camion carbonisé était visible à l'entrée de Dabou.

A la recherche des assaillants qui se sont emparés de quelques Kalachnikov, les FRCI ont poussé leur ratissage jusqu'à la presqu'île de Jacqueville, à quelques kilomètres au sud, où des tirs étaient signalés.

Insécurité "préoccupante" pour la France

La France, ex-puissance coloniale, a estimé jeudi que "le climat d'insécurité actuel est préoccupant".

"Nous appelons au calme et à l'apaisement des tensions. Le désarmement et la réforme des secteurs de la sécurité doivent plus que jamais être une priorité, tout comme la poursuite du processus de réconciliation nationale et la lutte contre l'impunité", a souligné le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Vincent Floreani, lors d'un point presse.

Les violences à Dabou surviennent après une récente série d'attaques dans la capitale économique ivoirienne et ses environs, ainsi que dans l'Ouest, qui replongent le pays dans les tensions plus d'un an après la fin de la crise postélectorale (décembre 2010-avril 2011) ayant fait quelque 3.000 morts.

Dix militaires ont été tués les 5 et 6 août à Abidjan. Le gouvernement a accusé des pro-Gbagbo, mais le parti de l'ex-président, le Front populaire ivoirien (FPI), a rejeté ces allégations.

L'armée a encore été attaquée lundi dans l'Ouest, région en proie à des violences depuis plusieurs mois, à la frontière avec le Liberia. Six Ivoiriens soupçonnés d'être impliqués ont été arrêtés au Liberia près de la frontière, selon Monrovia.

Signe de l'inquiétude des autorités, le président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro est remonté en première ligne, multipliant ces derniers jours les rencontres avec les chefs de l'armée. Premier ministre jusqu'en mars dernier, l'ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, dont de nombreux éléments ont intégré les FRCI, reste l'un des hommes-clés des dossiers sécuritaires.

France24

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