dimanche 23 septembre 2012

Schéma ou le plan baptisé catenaccio contre Kabila - Opposition : Appel à la cohésion


Samedi, 22 Septembre 2012



L’opposition joue désormais à la stratégie du «regroupement défensif» face à Joseph Kabila, à la manière du très célèbre «cadenacio» de l’équipe nationale de l’Italie. Le mot d’ordre a été donné, lors d’une réunion, en début de semaine, entre les présidents de quatre groupes parlementaires de l’opposition, au siège du MLC, dans la commune de la Gombe.

Etaient réunis là Jean-Lucien Bussa, José Makila, Samy Badibanga et Justin Bitakwira. Des chaudes discussions de l’avenue du Port, le quartuor a décidé que le maître mot dans la conduite des affaires de l’opposition, c’est désormais «la cohésion».

«Nous avons résolu que nous agirons dorénavant ensemble, de manière collégiale. Nous nous concertons et nous donnons une position commune à toute l’opposition. De la sorte, Joseph Kabila ne trouvera plus où passer dans nos lignes», a affirmé Bussa dans un entretien à «CONGONEWS».

 Résolution prise avec une distribution des rôles quant aux actions à entreprendre dans les prochains jours et semaines. Le très bouillant Makila s’est vu confier l’entreprise du vote du porte-parole de l’opposition.

Il est censé essayer de rapprocher les vues des uns et des autres pour parvenir à un consensus. Sinon, il faudra se résoudre à régler la question par le vote dans la plénière des sénateurs et députés nationaux de l’opposition.

Il va de soi que c’est à lui d’anticiper sur toutes les manoeuvres dilatoires d’un régime déterminé à noyauter le choix du speaker de l’opposition, à défaut de renvoyer sine die la convocation de la plénière de l’opposition.

L’intraitable Bitakwira prend en charge ce qu’il y a de plus sensible, la mise en cause de Joseph Kabila pour «haute trahison» et tout ce qui se rapporte à la situation de l’Est. Il a le devoir de réunir les signatures requises pour parvenir à la convocation du Parlement en congrès.

Difficile mission mais qui ne manquera pas de faire vaciller le régime et son maître même si les opposants n’arrivaient pas à la faire aboutir. Rien que de l’avoir dit tout haut a créé le doute dans les esprits en ce qui concerne la posture de Joseph Kabila vis-à-vis de Kigali et Paul Kagame.

Les questions liées à la Francophonie, faudra-t-il oui ou non accepter l’invitation de François Hollande et quoi lui dire, sont de la compétence de Samy Badibanga. Bussa s’occupera du processus électoral, la CENI promise à une restructuration et la réforme de la loi électorale.

L’homme n’a pas de souci à se faire, il a déjà apprêté tout le matériau à l’issue des Journées parlementaires du MLC, réunies le 6-7 septembre au GB. Voilà donc l’opposition parée au niveau de son épine dorsale, sa représentation parlementaire. Celle-ci ne se contentera pas de défendre mais bien plus, ses stratèges envisagent des contre-offensives à des moments précis.

Comme l’interpellation (lire détails dans le prochain numéro) du Premier ministre Matata Ponyo que Jean-Lucien Bussa a déjà déposée au bureau de l’Assemblée nationale. Interpellation sur la guerre et la situation sociale des Congolais. Cadenacio, contre-offensive, autant des métaphores qui conduise à l’idée d’une équipe de football.

S’il y a lieu, à l’étape actuelle, de constituer celle de l’opposition face à la majorité kabiliste, nul doute que celle-ci sera conduite par le meilleur d’entre les opposants, Vital Kamerhe, nanti d’un leadership certifié à l’échelle nationale et pourvu d’un abondant carnet d’adresses à l’international.

La sélection ne pourra pas ne pas faire appel à Bussa et Makila. Le premier montre des qualités d’un animateur inégalable.

C’est pratiquement lui qui est à l’intersection des groupes parlementaires de l’opposition. En fait, le stratège maison qui bosse comme un diable. Son cabinet au siège du MLC est toujours très animé.

Lorsque le secrétaire général adjoint du MLC chargé de la stratégie et des questions politiques n’y reçoit pas sénateurs, députés et autres cadres bembistes, il est scotché à la réflexion pour ne relever le nez qu’au moment où ça fait tilt dans sa tête.

Et tilt dans la tête de Bussa c’est-à-dire un projet à pondre dans le genre «Journées parlementaires du MLC». Le second se fait remarquer par son courage. Là où les autres recours à l’euphémisme pour ménager Joseph Kabila, l’ancien bembiste devenu patron de son propre parti -ATD- refuse toute langue de bois. Ses dernières déclarations contre Kabila ont tellement fait mal que la RLTV en a payé.

La chaîne de Roger Lumbala a été simplement fermée. Les deux mis ensemble représentent un leadership susceptible de faire basculer toute la province de l’Equateur. Lumbala est lui-même à aligner parmi le onze de l’opposition.

Sa particularité, il est prompt à chercher d’autres issues quand toutes les voies démocratiques sont fermées. Avec Antipas Mbusa, l’un complètera l’autre dans le team de l’opposition face à un adversaire enclin à recourir à des procédés illégaux et illicites.

Il y a de quoi compter avec Mbusa en raison des accusations du régime qui l’ont radicalisé depuis plusieurs semaines. A l’opposé de ces deux tempéraments portés à la belligérance, qui est soucieux de tempérer n’a qu’à miser sur la tempérance d’Ingele Ifoto, autant efficace que discret dans les rangs des Forces acquises au changement.

Diongo, lui, n’est pas taciturne. Presque personne n’avait soupçonné sa force jusqu’au jour où nombreux dans les milieux avertis se sont rendus compte qu’il est très solide comme entremetteur. Plus d’une fois quand des opposants se boudent, ce sont ses missions de bons offices qui remettent l’harmonie.

Il n’est pas loin d’un tisserand, sauf que le député le mieux élu de Lukunga tisse la toile de l’opposition. Son atout comme chouchou des Kinois représente un plus pour apporter à l’équipe plus de monde dans les tribunes. Un autre capable de s’attirer autant de sympathie dans la capitale, Joseph Olengankhoy. Il a fait trembler Kinshasa par le passé, dans les années 90.

Il peut donc le refaire ensemble avec les autres opposants, pourvu qu’il comprenne ce qui lui a attiré une certaine désaffection à un moment donné. Plus qu’un carnet d’adresses, Jeff est un véritable homme de réseaux. Son courage n’est à comparer qu’avec l’«impertinence» de Jean-Pierre Saïo Lisanga, plus habile dans les moments difficiles où il ne dédaigne pas aller jusqu’à renverser la table. Il y a des moments en politique où il faut bien passer par là.

Le moment venu, il n’y a pas à commencer à chercher le joueur qui en a le profil. Un temps, tout est foutu en l’air, puis la tension tombe pour laisser placer à l’intelligence pure. Comme celle de Moïse Nyarugabu, l’un des plus coriaces debaters dans la classe politique congolaise.

Ceux qui ont osé se frotter à lui s’en sont tirés défigurés. Jeannine Mabunda, alors ministre du Portefeuille, l’a appris à son détriment lors de son passage au Sénat. Dernière recrue, Samy Badibanga.

S’il n’a pas encore fait ses preuves, il ne reste pas moins que le conformisme demande de prendre en compte les députés qu’il dirige à la tête du groupe parlementaire de l’UDPS.

H.M. MUKEBAYI NKOSO

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